Imaginons que nous allions boire un café avec JC Deveney sur une péniche du Rhône. Pendant que nous bavardons tranquillement, le doux rouli de l’eau nous berce et nous insuffle, petit à petit, comme une envie d’aventure maritime… On s’imagine sur le radeau de Céleste, en train de voguer avec cette femme incroyable jusqu’à île des Sirènes, île paradisiaque s’il en est, puisque peuplée de femmes érudites. Puis on repense aux naufragés de la Méduse, perdus en mer pour une bête erreur de manœuvre, abandonnés aux brûlures de l’eau salée, à la soif, à la folie, et bientôt au cannibalisme… et on se dit que, finalement, peut-être vaut-il mieux la péniche du Rhône que le radeau. Mais quand même, quelles incroyables histoires que ces deux récits racontés en bande dessinée par JC qui, et ceci explique sans doute cela, est né il y a un peu plus de quarante ans au bord de la mer, à Hyères dans le Var.
On se demande même à la réflexion, pourquoi diantre cet homme éperdu de voyages, à la plume lyrique et au regard rêveur, s’est-il éloigné du grand large pour s’installer à Lyon ? Sans doute parce que pour enrichir son imaginaire il aime arpenter les bibliothèques et bavarder avec ses amis de la région, comme Tommy Redolfi ou encore Christian Rossi, avec qui il a d’ailleurs publié cette année, (alala) les aventures sulfureuses de Niala… Et puis, surtout, JC nous rappelle qu’il y a mille autres façons de voyager que le bateau ! Il y a même des moyens de voyager dans le temps.
Tenez, suivez-moi, nous dit-il pour illustrer son propos, en nous emmenant au cinéma Cifa saint-denis de la Croix-Rousse. “N’est-ce pas un lieu merveilleux que ce cinéma qui a cent ans ? C’est toujours émouvant d’y aller voir un film, confesse-t-il, parce qu’on se retrouve entre le passé et le futur : les films et la technique sont contemporains, mais la salle a un balcon, le film est toujours précédé d’un court-métrage, et les ouvreurs vendent des glaces et des bonbons à l’entracte.”
C’est vrai que le cinéma, comme la bande dessinée, peuvent nous porter bien plus loin que les esquifs. Aussi je serai curieuse de savoir, cher JC, quand tu étais enfant, rêvais-tu d’être plutôt un aventurier ou bien un écrivain ?