Quel est ton « TOP 3 » BD ?
Les trois bandes dessinées qui m'ont le plus marqué, on va parler de vieux trucs, parce que ce qui marque c'est durant l'enfance : c'est le moment où on est le plus facilement imprégné. Il y a aussi des bandes dessinées récentes que j'aime beaucoup. Ce n’est pas original du tout parce que c'est un énorme succès mais L'Arabe du futur, c'est une série d'albums que Riad Sattouf a fait que je trouve absolument extraordinaire. Mais les B.D. qui m'ont marqué dans l'enfance, c'est Astérix. Ce n’est pas original non plus, mais c'est un tel chef-d'œuvre absolu : les Astérix de Goscinny, qu'on ne peut pas y échapper. Il y a également Corto Maltese. Astérix m'a happé dès la petite enfance, même si ça se relie à tout âge. Et Corto m'a pris à l'adolescence parce qu'il y a tout cet imaginaire romantique qui est extraordinaire. Hugo Pratt reste un des grands de mon panthéon. Après il y en a plein... C'est difficile de dresser une liste exhaustive et de citer tout le monde.
Comment on adapte une BD à l’audio ?
Le travail d'adaptation pour l'audio, c'est quelque chose que j'avais complètement sous-estimé au départ. Je n'avais pas imaginé la quantité de travail que ça allait me demander. Finalement, j'ai dû retoucher beaucoup de petites choses, y compris dans l'ordre des séquences. J'ai été obligé de changer des ordres de séquences parce qu'en bande dessinée, on peut se permettre d'avoir des actions en parallèle, comme au cinéma. Avec un plan, une image où on voit un personnage à un endroit, une autre image à côté, où on est avec un autre personnage à un autre endroit, à la troisième image on revient. Dans le son ça aurait été trop compliqué. Il faut quand même laisser à l'auditeur le temps de s'installer dans un décor sonore, dans un endroit.
J'ai donc été obligé de regrouper les scènes différemment, de refaire un montage - si on parle en termes de cinéma. D'autre part, il y a tout le texte du narrateur que j'ai dû écrire et détailler. Pourquoi ? Parce que mes narratifs dans Lanfeust —ces petits rectangles qu'on a en début de scène— sont généralement des commentaires, de type documentaire. C'est à dire "Eckmühl est une grande cité qui... ", "les voraces sont des animaux qui...". D’habitude je n'aime pas parler de mes personnages dans le narratif. Dans Lanfeust, il n’y a jamais un narratif disant "Lanfeust pensait que ceci ou cela", c'est quelque chose que je m'interdis. À l’audio, il fallait tout remettre en situation.
C'est-à-dire que les narratifs sont construits à deux niveaux. Il y a d'une part ce récitatif qui va nous raconter ce qui se passe à l'image puis qu’on n’a pas l’image. On essaie de faire passer le maximum d'images à travers le dialogue pour alléger le narratif. Et en même temps, dans le narratif, je suis obligé de dire "Lanfeust prend son épée, se retourne...". Toutefois si je fais que du narratif, ça va vite être chiant et plombant. Donc il faut que je ramène l'humour qui est propre à Lanfeust à travers un deuxième niveau de narration. Ce deuxième niveau va être l'ironie, la petite distance, ce qui va faire qu'on va sourire et qu’on ne va pas s'ennuyer pendant le descriptif. Cette partie a été beaucoup de boulot.