Une fois que ma planche crayonnée au bleu est finie, j'imprime sur une feuille Canson au format A3 et là je viens faire l'encrage avec un feutre pinceau. Et d'ailleurs, la mine est tellement souple que je ne sens pas vraiment quand je touche le papier. Je ne sens pas le crissement, je ne sens pas trop la matière, ce qui me permet d'avoir un trait qui n'est pas forcément très juste. Et c'est ce que j'aimerais avoir de plus en plus. C'est bizarre dit comme ça, mais en sortant de l'école, on apprend vraiment le dessin de façon très académique. Pour moi, ça a toujours été dur de me détacher de la technique et de me détacher du "juste" et du "beau" et d'aller vers quelque chose de plus expressif, même si ce n'est pas hyper droit.
Puis j'ai mis les quelques ombres et quelques amorces avec du fusain pour apporter un peu de matière. Je scanne la planche puis je fais la couleur en numérique. Mais vu que je fais beaucoup de peinture en tradi à côté, quand je mets en couleurs en numérique, ça reste une approche peinture. Il y a beaucoup de matières et de grains dans les brosses numériques que j'utilise.
BENJAMIN : J'ai une petite question pour Marianne, qui connaît bien le monde de la librairie. La bande dessinée est en train de se métamorphoser complètement. On part d'histoires très garçon avec des super-héros dans le comics, avec le côté franco belge, le traditionnel Tintin, Spirou, etc. De plus en plus, des autrices comme Marie Avril apportent des histoires de femmes. Comment est-ce que c'est perçu par le public ? Est-ce que c'est un nouveau public ou un public qui était ancré, qui se tourne vers ces histoires ?
MARIANNE : Je dirais que c'est un peu les deux. Il y a toujours le public traditionnel de ce que j'appelle « la BD à papa ». D'un autre côté il y a beaucoup plus même de biographies, de femmes essentiellement. Donc il y a le public traditionnel qui aime la bande dessinée, qui va, quoiqu'il arrive, acheter un peu tout ce qui sort. Après je vais être très cliché, mais les hommes qui achètent leur fameuse « BD à papa », souvent ils sont mariés. Et leurs femmes disent souvent qu'elles n'aiment pas la bande dessinée. Pourtant quand on leur montre un des choses un peu différentes, et bien ça les attire.
BENJAMIN : Quel est le public qui est directement attiré par un album comme Divine ?
MARIANNE : La bande dessinée Divine match un peu avec tout le monde, puisque Sarah Bernhardt tout le monde connaît. C'est donc un public assez varié : du fan de bande dessinée à l'étudiant en art ou en théâtre.
FLORE : En parlant de théâtre, il y a eu la comédie Odéon, théâtre du centre de Lyon, une pièce qui a été diffusée fin d'année 2021 et qui s'appelait « Le naturel… mais le sublime, c'est mieux ». C'est une pièce sur la vie également de Sarah Bernhart. Marie je crois que tu as eu la chance de rencontrer, voire de collaborer avec cette troupe qui a monté la pièce.