Maintenant que nous avons avancé dans le temps, nous ne sommes plus à un voyage temporel de plus, vous êtes d’accord ?
Parfait ! Je vous entraîne dans un futur encore plus lointain. Un futur qui va nous permettre d’explorer comment notre culture influence notre perception de l’avenir. Ou dit autrement, la Science-Fiction n’a pas nécessairement les mêmes marottes que l’on soit américain, français ou… chinois.

C’est un projet énorme qui est proposé par les éditions Delcourt. L’adaptation en France, en bande dessinée, du romancier Liu Cixin. 15 nouvelles sont au programme, tirée de son œuvre parue en France chez Actes Sud.

Et qui va faire les adaptations ? Valérie Mangin, Sylvain Runberg, Jean-David Morvan … Quelques inconnus, quoi…
Et pour ce tout premier livre, La Terre vagabonde, c’est le duo bien connu en SF Christophe bec/Stefano Raffaele qui est à l’œuvre.

De quoi parle-t-on ? D’un futur lointain dans lequel notre Soleil annonce une fin de vie anticipée. Les scientifiques ont calculé qu’une explosion allait avoir lieu sous quatre siècles, ravageant la majeure partie du système solairelaissant une étoile impropre à soutenir la vie. Alors que faire ? Attendre la destruction finale, ou tenter quelque chose ? Un plan est mis en place. Il consiste à transformer la Terre en un vaisseau spatial pour la déplacer avec ses êtres vivants, en orbite de l’autre étoile la plus proche, Alpha du Centaure. Accrochez-vous, le voyage va commencer !

Un mot d’abord, sur le dessin. Stefano Raffaele est un dessinateur photoréaliste. Du moins c’est comme ça qu’on l’a connu sur Prométhée, déjà avec Christophe Bec. Mais ici, on sent qu’il a dû adapter son trait pour faire face à l’ampleur de la tâche. On ne parle pas d’un classique 46 planches. C’est un travail trois fois plus important qu’il a dût produire : 140 pages. Sans un délai trois fois supérieur. Alors Raffaele va à l’épure. Il simplifie son trait. Les couleurs de Marcelo Maiolo sont calculées pour suivre ce mouvement. Elles sont plus classiques, moins froides et numériques qu’à l’accoutumée. Un bon coloriste, parce que c’est lui qui propose sans doute de nombreux décors spatiaux offrant de très bons décors. Le duo graphique fonctionne bien pour mener à bien une tâche aussi lourde.

Revenons-en à l’histoire. Et à la vision chinoise de notre future.
Liu Cixin fait donc de la Terre un gigantesque chantier destiné à faire survivre l’Humanité. Dès le départ, on a clairement une vision chinoise de la technologie. Le progrès technologique mis en commun par l’ensemble de la planète, triomphera de tout. Son pari à lui, est que l’Humanité parvienne à cette unité. De là à voir un parallèle avec l’idéologie communiste chinoise et ses stratégies de grands travaux… Et bien oui, franchissons le pas. On a une vision idéologique. Mais en même temps, tout auteur porte une idéologie. Une idéologie, c’est aussi une vision du monde et de la façon dont il se structure. Le monde occidental est pétri d’idéologie lui aussi, c’est le capitalisme, ce sont les philosophies judéo-chrétiennes…

Et dans la vision chinoise, imaginer un voyage interstellaire de 2400 ans, ce n’est pas un problème. Notons que le récit offre le point de vue de plusieurs personnages mais qu’il ne cherche pas à expliquer comment les humains vont se développer pendant 24 siècles...
Ce qui compte, c’est l’accomplissement du défi technique : parvenir à atteindre un idéal supposément irréalisable.

Confier ce récit au scénariste Christophe Bec, c’est l’assurance d’avoir un bon raconteur d’histoire aux commandes de l’adaptation. Cette bande dessinée fonctionne et elle constitue donc un très bon point d’entrée pour qui voudrait commencer à découvrir une œuvre différente et fort intéressante.

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BLYND s'associe à Yaneck Chareyre, journaliste et critique BD pour co-créer le podcast " Le Bruit des Bulles ".

L'idée est simple : chaque mois, il sélectionne trois œuvres du monde de la bande dessinée et t'explique pourquoi il les a aimées.