De quoi parle-t-on ? D’un futur lointain dans lequel notre Soleil annonce une fin de vie anticipée. Les scientifiques ont calculé qu’une explosion allait avoir lieu sous quatre siècles, ravageant la majeure partie du système solaire, laissant une étoile impropre à soutenir la vie. Alors que faire ? Attendre la destruction finale, ou tenter quelque chose ? Un plan est mis en place. Il consiste à transformer la Terre en un vaisseau spatial pour la déplacer avec ses êtres vivants, en orbite de l’autre étoile la plus proche, Alpha du Centaure. Accrochez-vous, le voyage va commencer !
Un mot d’abord, sur le dessin. Stefano Raffaele est un dessinateur photoréaliste. Du moins c’est comme ça qu’on l’a connu sur Prométhée, déjà avec Christophe Bec. Mais ici, on sent qu’il a dû adapter son trait pour faire face à l’ampleur de la tâche. On ne parle pas d’un classique 46 planches. C’est un travail trois fois plus important qu’il a dût produire : 140 pages. Sans un délai trois fois supérieur. Alors Raffaele va à l’épure. Il simplifie son trait. Les couleurs de Marcelo Maiolo sont calculées pour suivre ce mouvement. Elles sont plus classiques, moins froides et numériques qu’à l’accoutumée. Un bon coloriste, parce que c’est lui qui propose sans doute de nombreux décors spatiaux offrant de très bons décors. Le duo graphique fonctionne bien pour mener à bien une tâche aussi lourde.
Revenons-en à l’histoire. Et à la vision chinoise de notre future.
Liu Cixin fait donc de la Terre un gigantesque chantier destiné à faire survivre l’Humanité. Dès le départ, on a clairement une vision chinoise de la technologie. Le progrès technologique mis en commun par l’ensemble de la planète, triomphera de tout. Son pari à lui, est que l’Humanité parvienne à cette unité. De là à voir un parallèle avec l’idéologie communiste chinoise et ses stratégies de grands travaux… Et bien oui, franchissons le pas. On a une vision idéologique. Mais en même temps, tout auteur porte une idéologie. Une idéologie, c’est aussi une vision du monde et de la façon dont il se structure. Le monde occidental est pétri d’idéologie lui aussi, c’est le capitalisme, ce sont les philosophies judéo-chrétiennes…