Bonjour Bernard, est-ce que tu peux te présenter ?

Bonjour, je m’appelle Bernard Gabay. Je suis acteur. J’ai commencé au siècle dernier quand vous n’étiez pas nés. Dans un film tourné par un des scénaristes de François Truffaut, qui s’appelait Bernard Revon. J’ai eu la chance de commencer à 16 ans, avec un film qui s’intitulait Les Turlupins. Après j’ai beaucoup tourné au cinéma, à la télé. J’ai fait beaucoup de théâtre aussi. Aujourd’hui j’ai à peu près joué dans trente pièces, de tous les registres. J’aime beaucoup les auteurs d’aujourd’hui. J’en ai joué beaucoup : des gens comme David Lescot, Pascal Tedes, Edmond Jabès, d’autres encore. Et puis des classiques que j’adore également : Molière, Marivaux, Racine... Ça me tient beaucoup à cœur. J’ai fait beaucoup de chant, j’ai aimé travailler là-dedans, explorer tout ce qu’on pouvait sortir de soi. D’autant plus que j’étais très complexé avec ma voix quand j’étais tout jeune. Donc j’ai travaillé comme un fou, de manière acharnée, pour essayer de faire travailler cet instrument.

Dans quels rôles on a déjà pu t’entendre ?

 

Dans les acteurs phares, il y en a un que j’aime entre tous qui s’appelle Robert Downey Junior qui joue le rôle d'Iron Man. Je le double depuis très longtemps, depuis ses débuts pratiquement. J’ai donc bercé pas mal de jeunes gens.

 

J'ai également doublé un autre acteur qui s’appelle Viggo Mortensen, qui est le mythique Aragorn dans le Seigneur des Anneaux. C’est vraiment une grande fierté d’avoir été choisi par Peter Jackson lui-même, qui avait vraiment tenu à choisir les voix françaises. C’est lui qui m’a permis, grâce à cette trilogie mémorable, de doubler Viggo Mortensen dans tous ses films. C’est un grand moment dans ma vie aussi parce que fréquenter des gens comme ça… Je dis « fréquenter » puisque je passe des heures en studio avec eux. Ce n’est pas cinq minutes. C’est très long et tant mieux d’ailleurs ! Il faut du temps pour essayer d’approcher la richesse des jeux de ces personnes-là. Moi ça me passionne parce que c’est des œuvres. En général c’est des gens qui ne font pas n’importe quoi. Ils aiment et ils font des choses avec une résonnance profonde pour eux, dans leur vie. Même un film, comme Greenbook par exemple, c’est un film qui a une résonnance profonde aujourd’hui. Ce sont des acteurs qui font des films avec une portée qui dépasse de très loin le fait « juste » d’être interprète. Ça me touche et ça m’intéresse beaucoup. Il y a aussi des gens comme Pedro Almodovar que j’adore. Qui m’a choisi pour doubler Antonia Banderas dans tous ses films récemment. Notamment dans Dolor y Gloria qui a obtenu le prix à Cannes. Il y a aussi un acteur que j’aime beaucoup, qui s’appelle Ralph Fiennes qui joue dans The Grand Budapest Hôtel.

Est-ce que tu lis des BD ?

 

J’ai grandi comme beaucoup de gens, en tout cas de ma génération, avec Tintinles Schtroumpfs, Boule et Bill. Gaston Lagaffe, c’était ma préférée. J’adorais ça. Ça a été vraiment des choses de vie, on a vraiment été constitué avec ça. Les Dingodossiers bien sûr, Gotlib, Rubrique à brac. C’est une immense joie quand on est malades, enfant, de lire ça. Plus tard j’ai redécouvert avec des grands auteurs qu’on m’a fait découvrir, Charyn, Boucq, je les ai vraiment dévorés.
 

Tu penses quoi de la BD Audio ?

 

Aujourd’hui c’est très spécifique parce que ça pourrait faire penser aussi à la radio : on créé des pièces, des univers sonores et des personnages qu’il faut faire exister vocalement. Il y a un monde imaginaire qui est très fort. Personnellement, j’adore ces images fixes qui font partir dans le mouvement et l’imaginaire. Il y a toute une part qu’on invente et qu’on prolonge. Et en même temps il faut essayer de laisser à l’auditeur un espace où il va créer son monde. En plus j’adore Carthago parce qu'il est question de monde aquatique, de s’immerger là-dedans, c’est encore une autre expérience. Puis on est guidé, je fais pas ça tout seul. Il y a Fred, qui est à la technique pour enregistrer, me guider avec toute l’équipe autour, pour essayer de s’approcher de cet univers au plus près. On ne travaille jamais seul. On ne peut pas faire ce qu’on fait sans des guides, et des compagnons autour de soi.
 

Quel personnage tu joues pour BLYND ?

 

J'interprète London Donovan. Qui est, je crois, un des héros de la saga Carthago. Il y a plein de personnes qui sont convoqués. On pense à Blueberry, on pense à Corot Maltese, on pense à tous ces héros : baroudeurs, taciturnes. Des personnages qui ont vécu des choses extrêmes, qui ne craignent pas la mort, qui sont prêts à sauver le monde, la veuve et l’orphelin. Et en même temps qui ont une dérision sur eux-mêmes. Ils sont souvent pris dans des dilemmes raciniens. On pourrait dire complètement tragiques, puisqu’ils sont tenus par des personnages très ambigües et malfaisants. On ne le sait pas toujours… On le découvre. Et qui ont sur eux un chantage qu’on ne connaît pas, qu’on découvre au fur et à mesure qui leur fait accepter l’inacceptable. Jusqu’où peuvent-ils tenir dans tout ça ? Ces personnages sont habités par plein de choses terrifiantes et douloureuses. Et même temps ils font ce qu’ils ont à faire, et ils essayent, à l’arrivée, de sauver une forme d’humanité. C’est très riche. Essayer sans tomber dans le cliché non plus. Tenter de donner une authenticité, une vérité sinon ça ne touche pas les gens. Il faut essayer de faire vivre le personnage, de le rendre le plus fidèle possible aux auteurs, à ceux qui l'ont créé et ne pas les trahir.
 

Écouter Carthago

Écouter Carthago

Carthago est une bande dessinée fantastique éditée chez Les Humanoïdes Associés. Elle est écrite par Christophe Bec, dessinée par Éric Henninot (tomes 1 et 2), puis par Milan Jovanović (tomes 3 et 5) et enfin par Ennio Bufi (à partir du tome 6). Cette saga audio fantastique vous mettra en haleine, les différents univers sonores accompagnés par une musique sur-mesure vous offriront une immersion totale.