FLORE : Certains pensent que la grande passion de Didier Tronchet est le foot, d’autres parient sur la chanson française, mais cher Didier, je te le demande, ta plus grande flamme intérieure, ne serait-ce pas plutôt la passion de créer des mystères pour le plaisir de mener des enquêtes ?
DIDIER : Très belle question, la question est de savoir si je préfère le mystère à la vie. Je ne fais pas la différence entre les deux, je crois que notre métier à nous (les auteurs) c’est de ramener du mystère dans la vie, de la magie, des choses un peu inattendues. J’avais très envie d’être dans cet univers où il peut se passer quelque chose à tout instant et où les choses ne sont pas vraiment comme elles sont. C’est toujours un grand souci chez moi : me promener et imaginer ce qu’il y a derrière les portes, au fond des traboules, ce qu’il y a dans la tête des gens que je croise. Je ne peux pas m’en empêcher, c’est un réflexe professionnel. Déjà sur le visage des gens, je sens une histoire. C’est comme les acteurs qui sont sur grand écran, on les connaît, on a vécu avec eux des tas d’aventures. Le visage d’un acteur, même s’il ne dit rien, raconte déjà quelque chose. Ces gens dans la rue me racontent plein d’histoires. J’essaye d’enrichir mes propres affabulations de choses vraies parce que c’est ce qui m’intéresse à l’arrivée. Je ne suis pas trop un auteur d’imagination, je n’aime pas trop la science-fiction qui spécule. Je suis plutôt sur le réel parce que mon premier métier était journaliste. Je me suis aperçu que le journalisme a une certaine limite pour raconter le réel. Paradoxalement, peut-être qu’il vaut mieux passer par la fiction ? J’ai plutôt envie d’injecter dans toutes mes histoires des choses que le lecteur va sentir vraies.