BENJAMIN : J'ai décidé d'arrêter d'avoir peur. Je me suis rendu compte du nombre de fois où le mot « peur » nous arrive dans la tête. Par exemple, je suis parti du bureau un peu en retard et du coup, j'ai eu peur d'arriver en retard. Je suis monté dans la voiture et après, j'ai eu la peur de me faire arrêter par un gendarme. J'avais peur à la fois du gendarme et de l'accident. Puis j'ai mis mon autoradio et je me suis dis « Tiens, je vais essayer d'écouter quelque chose pour ne pas avoir peur, pour essayer de me relaxer. » Puis j'ai eu peur du lendemain, parce qu'il paraît qu'on a des micropolluants à Lyon. Donc bientôt les voitures ne vont plus pouvoir rouler. Plus j'avance et plus j'ai peur. Peur de quoi ? Peur de ne pas trouver de place pour me garer.
Donc, la peur, c'est un mot qui a de quoi faire peur, en effet. Finalement, quand on y réfléchit, c'est un mot qui est très intéressant. Il désigne quoi au fond le mot peur ? Qu'est ce qui nous arrive quand on a peur ? C'est simplement une émotion dont la principale fonction est que l'on reste sur cette planète le plus longtemps possible. Elle peut être utile. Alors parfois, dites merci à cette petite boule que vous avez dans le ventre avant un examen et peut-être que vous la verrez disparaître.
J'ai une question,Théo Grosjean, toi qui t'es autoproclamé « l'homme le plus flippé du monde », est-ce que finalement, tu ne serais pas l'homme le plus vivant du monde ?
THÉO GROSJEAN : Pas plus qu'un autre, je pense. Mais c'est plus flatteur. La peur, c'est effectivement quelque chose que tout le monde connaît. D'ailleurs, le titre de ma BD, c'est plus ironique. C'est plus une parodie des titres qui essaient d'attraper l'attention des gens en exagérant le contenu d'un article. C'est un peu l'idée du titre « L'homme le plus flippé du monde ». En réalité, c'est juste un personnage banal, comme n'importe quel autre personne qui a des peurs plus ou moins rationnelles.